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enviedetrail
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enviedetrail
6 décembre 2012

Sainlélyon 2012 : Une énorme Galère !

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Et oui, une énorme galère comme quoi, il n'y a pas de règles dans ce sport et surtout sur de telles courses. Même en ayant "fait le boulot" et réalisé, je pense, une bonne préparation, cela ne garantit pas la réussite et pour moi ce fut la souffrance au bout du chemin.

Mais relativisons, l'objectif chronométrique est loin d'être atteint mais j'ai vu le palais des sports de Gerland, ce qui est une chance au regard des 1000 non partants, des 2000 abandons et surtout des 30 évacuations par les pompiers qui n'ont pas chômé ce week-end.

Je sors de cette expérience épuisé mais indemne et Finisher : on se contentera de ça. Et d'avoir vécu une expérience dont on se souviendra longtemps dans le corps et les esprits.

Retour sur un week-end en noir et blanc.

Départ samedi matin pour Saint Etienne avec Ludo et Arno, Lili nous sert de chauffeur pour qu'on puisse être cool et se dégourdir les pattes. Voyage sans encombre jusqu'à Sainté avec un timing bien calculé qui nous permet d'arriver au parc des expositions avant l'arrivée des nombreuses navettes et donc d'éviter les queues de retrait des dossards car même avec une organisation très bien rodée, plus de 10000 coureurs, ça fait du monde.

On évite le stress d'une attente trop longue sur le site de départ, on récupère Florent pour aller manger au pied du "Chaudron". Cafétéria déserte mais glacée pour un dernier repas avant de retourner se préparer au départ.

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Derniers préparatifs, choix du matériel, option confort et vêtements chauds car la température extérieure est descendue près des -4°c.

On essaie de faire une petite sieste ou du moins de se poser au maximum avant le départ. Lili est là pour prendre nos dernières affaires et aller dormir avant de nous rejoindre à Lyon pour l'arrivée.

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On va se placer dans le sas des 5h/7h avec Arno et Ludo, Florent se met dans le suivant.

On est pas mal placé avec Arno, les élites sont justes devant et l'avenue est large. Derniers moments de recueillement et c'est parti.

Le long serpent s'étale dans les rues de Saint Etienne, ça part assez vite et on est un peu surpris de voir tant de monde devant nous avec Arno. Mais on sait qu'il est difficile de se repérer avec les relayeurs qui ne font que les 16 premiers kilomètres.

Première partie très roulante dans les faubourgs, on a l'impression d'être au marathon de Paris. Heureusement la route s'élève et nous nous replaçons naturellement, très vite la neige fait son apparition et dès que nous quittons la route pour les sentiers c'est sur un épais manteau neigeux.

Les frontales sont maintenant allumées, nous évoluons en procession, nous ne pouvons pas doubler, il y a juste une trace pour passer.

Première légère descente et première plaque de verglas que je ne vois pas. La sanction est immédiate, une lourde chute, je tape fort le dos et le genou. Je me relève endolori mais rien de cassé. J'ai perdu Arno dans le balai des frontales, il ne m'a pas vu tombé. J fais l'effort pour revenir avec un petit coup d'adrénaline et à la faveur d'une belle montée enneigée, je retrouve Arno.

A peine le temps de récupérer quelques minutes et voilà que le concurrent qui est à mes côtés glisse à son tour, il se rattrape à mon sac et m'envoie au tapis sur la glace pour la deuxième fois, je tape l'autre genou. J'ai un peu plus de mal à me relever, je ne l'ai pas vu venir celle-là. Toutes les parties sur route sont des vraies pièges à verglas, on en vient à regretter la neige molle sur les chemins. Par endroit, il y a presque 30cm en on s'enfonce jusqu'aux genoux.

On arrive au bout de 16km au premier ravito en 1h20 avec Arno, sur le tempo prévu mais je me doute déjà que vu les conditions, il va falloir revoir nos ambitions à la baisse, je ne m'attendais pas à autant de neige et surtout pas ce verglas sur lequel on est à l'arrêt. Et surtout je me sens déjà entamé musculairement, conséquence des chutes ou non j'ai déjà les adducteurs et les psoas très chargés.

On suit néanmoins notre plan de route avec Arno, décidés à rester ensemble jusqu'à Sainte Catherine. Cette partie est encore plus enneigée. On va mettre 20 minutes de plus que prévu sur cette section. Une troisième gamelle finit de me geler, le vent est glacial sur la crête, j'ai un peu de mal à m'alimenter et je sens que l'estomac n'est pas au top.

Sainte Catherine, 20 minutes de retard, on rejoint Pierre qui attend son relais et on fait le point avec Arno, il me dit qu'il est très bien, je lui fait part des doutes et l'encourage à continuer seul. Dès la sortie du ravito, il part et je sais que je vais avoir du mal à le revoir.

L'estomac commence à travailler et je retrouve les sensations qui m'avaient conduit à l'abandon sur mon premier GRP. La nausée s'installe et j'ai du mal à boire, les aliments solides ne passent plus, les gels non plus, ça va être la galère. Nous sommes très loin de l'arrivée et je commence à me demander comment voir Lyon.

Très vite je sature, j'ai froid, je n'avance plus et je ne peux plus m'alimenter, je vomis une première fois, ça va pas mieux, il fait tellement froid qu'il ne faut pas s'arrêter. J'arrive à Saint Genoux péniblement en enchaînant marche et trot, je perds un nombre de places incalculable. Je suis en mode robot, avancer coûte que coûte pour essayer de se réchauffer. Que du thé sur ce ravito, pas de soupe, merde, j'en avais envie, le thé passe mais aussitôt reparti, je le vomi un peu plus loin.

Ca y est, je suis dans le très, très dur, il faut trouver des raisons pour avancer et je sais que le ravito de Soucieu sera déterminant. C'est là où a lieu la majorité des abandons, on sera au 49ème, il restera un semi interminable dans le froid à courir. Je commence déjà à calculer l'heure qu'il est et le temps qu'il faudrait à ma soeur pour venir me récupérer. Si je ne me trompe pas, si elle passe me prendre, on peux être à l'heure pour l'arrivée d'Arno. Cette idée fait son chemin et je cherche à la repousser. Le portable est là dans ma poche, tentant...

Je cherche au plus profond de moi des motivations, la vue sur Lyon est superbe mais interminable, des heures que je vois les lumières de Lyon et qu'elles s'éloignent. Je pense à ma famille, aux efforts consentis à l'entraînement, à ma femme, à mon fils, à mon père, beaucoup à mon père... Mais Putain, qu'est ce que je fais là, sur qu'il ne comprendrait pas.

Bientôt, les lumières de Soucieu, je suis toujours en vrac même sur le plat je ne peux pas courir sans que l'estomac ne se retourne. Je m'arrête un énième fois et me force à vomir, j'arrive à me vider mais je reste de longues minutes agenouillé dans la neige. Je suis congelé. Je suis à l'entrée du village, à 500m du ravitaillement, des spectateurs m'applaudissent quand je repars vers le ravito.

Soucieu, c'est la cour des miracles, que des zombies, le regard hagard, des files de bus près à rapatrier ceux qui renoncent. Je prends un coin de banc, pose le téléphone devant moi et j'essaie de me changer pour mettre un truc plus sec, je n'ai rien de très sec mais bon, c'est psychologique, peut être que j'aurais moins froid. Je vais passer de longues minutes à regarder le téléphone en me demandant si je le décroche ou pas.  J'ai abandonné toutes ambitions chronométriques depuis longtemps. La seule question qui reste est : suis-je capable de rallier Lyon et pourquoi ?

Je prends le temps de manger solide et de boire une soupe avant de prendre ma décision. C'est décidé, je remets le sac et je tente le coup. Je sors en trottinant du gymnase, je remets l'ipod et j'évite de réfléchir et de regarder les lumières du ravito s'éloignaient.

L'estomac va mieux mais je n'ai plus de force et j'ai très froid, l'arrêt a été trop long. Qu'importe je trottine, chose que je n'arrivais plus à faire depuis des kilomètres, bon ça ne va pas vite mais j'avance. Cette partie jusqu'à Beaunant va dérouler dans ma tête comme dans un état second, absent, spectateur, je ne vois rien des gens qui me doublent ou que je double, du paysage, je n'aurais quasi pas de souvenir de ce passage hormis la sensation d'avoir pu courir.

Ce fut long mais j'arrive à Beaunant, plus que 11km et la fameuse côte des aqueducs. Je prends un thé, ne m'arrête pas à j'enchaîne, hors de question de reculer, je veux finir.

Je prends la côte en marchant, la descente sera musculairement difficile sur la route, je trouve les derniers kilomètres interminables. La descente est longue et je ne prends pas de risque pour être sur d'aller au bout. Pas de crampes, pas de blessures. J'arrive sur les quais, enfin, plus que 5 kms interminables. On en voit pas la fin, on fait des détours pour aller à Gerland, les derniers kilomètres me semblent trop longs, je me dis que je fais finir en moins de 8h30 mais je ne vois pas le palais des sports arriver. Je prends la photo de mon fils à la main pour me donner de la force.

Enfin, le parc, les arbres, les bassins, le bruit des haut-parleurs, le tapis, l'arche, ça y est, c'est fini, .... Tout s'arrête, d'un coup, après une nuit de solitude, le monde, la foule. Ma nièce est là avec son copain, je vois Arno qui m'attend, ma soeur, Ludo qui a du me doubler pendant que j'étais en train de vomir et avec qui on a couru à quelques encablures l'un de l'autre sans se voir. Si on avait su...

Je récupère mon t-shirt de finisher, tant de souffrances pour ce t-shirt.

Peut être ma plus grosse galère en course mais pas de regrets, pas beaucoup de plaisir sur cette course car la souffrance est arrivée beaucoup trop tôt. Mais qu'importe, ce qui restera : c'est de l'avoir fini et d'avoir repousser les limites mentales.

La Saintélyon reste une magnifique organisation sur laquelle il n'y a pas beaucoup de défauts malgré le monde au départ, c'est rodé et relativement bien calé. Et je suis heureux de l'avoir mise à mon "palmarès".

Finalement, nous serons tous à l'arrivée, Arno terminant en 7h33', Ludo en 8h26, je termine en 8h29 et le courageux Florent sous la barre des 10 heures en 9h59'. Pierre terminant son relais en 4h45.

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Ces courses sont à chaque fois une histoire différente et une grande leçon d'humilité. Mais tous les finishers de cette épreuve ont décidément un truc à part.

Nous avions commencer 2012 au Grand Brassac sous la neige et nous terminons 2012 à la Saintélyon sous la neige. La boucle est bouclée.

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Commentaires
V
Félicitation c'est un bel exemple que le mental est plus important que les jambes!
Y
RESPECT !...profite et récupère bien.
M
Bravo les amis. Quelle belle course et aventure humaine. dOm
enviedetrail
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