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8 juin 2011

MARATHON DE SAUTERNES le compte rendu

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Eh bien voilà, on y est.

Longtemps ces dernières semaines, je me suis demandé dans quelle galère je m’étais embarqué. Quand  a été annoncé la création (résurgence serait plus exacte) du Marathon de Sauternes, et que les organisateurs m’en ont parlé, je me suis dit que je me devais d’y être. Sauternes, c’est ma région, mon pays, le village où je me suis marié, un coin que j’adore. Ce parcours aussi, difficile, certes mais magnifique, reliant les grands crus de l’appellation, me tentait. Par amitié pour les organisateurs, je leur avais promis d’être là car même si ce n’est pas ma spécialité, je pense que la majorité des coureurs du coin se devaient d’être présents pour lancer l’aventure. L’ambition  des organisateurs de réussir cette première se devait d’être honorée.

Mais bon entre les bonnes intentions du mois de janvier et la réalité du quotidien du mois de juin, il y a un pas. Et ces dernières semaines ont été difficiles au niveau de l’entraînement et je me présente donc à ce départ motivé mais un peu inquiet sur ma capacité à courir 42 kilomètres en ce  moment. 42 kilomètres, c’est mon kilométrage hebdomadaire ces dernières semaines.

Mais je suis motivé et Estelle va me suivre en vélo sur l’ensemble du parcours ; une sorte de voyage de noces 7 ans après notre mariage à Sauternes. Nous avons reconnu le parcours ensemble en voiture hier pour voir où elle pouvait rentrer dans les propriétés à vélo et cette dernière balade m’a confirmé que le final serait difficile et qu’il faudrait être prudent.

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Nous allons nous garer au Château Filhot, lieu de l’arrivée et nous rendons au Château Giraud, lieu du départ. Nous saluons les organisateurs sur place. Un bel exemple de mutualisation des moyens puisque les bénévoles des principales organisations de la région sont présents : le stade Langonnais pour le Bazas Langon, les Rapetous de Toulenne pour la Cavale des Rapetous, l’équipe des Valentins en Sauternais de Fargue, des membres de la Raisin d’or, etc… Une vraie synergie autour de cette épreuve. Depuis hier et la visite du site d’arrivée, on sent que cette première va être une réussite et que la fête va être belle.

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Je quitte Estelle pour aller me mette sur la ligne de départ, elle va se conformait au règlement et m’attendre au 5ème kilomètre. Le départ a lieu au milieu de l’allée de platanes de Guiraud et il est donné au fusil de chasse par le Maire de Sauternes. Nous nous élançons dans l’allée, nous sommes plus de 500 pour cette première avec une cohorte de coureurs déguisés.

IMG_8221 photo B.Lucantis

J’essaie de me caler de suite sur l’allure, j’ai décidé de ne pas prendre trop de risques et de partir sur 2h55/3h00 car je sais qu’après le 35ème kilomètres, le parcours est très difficile. Ça part assez vite d’entrée. Sébastien Horrereau  mets la pression à tout le monde avec un départ rapide, seul Francis Ingles le suit. Il va le payer très vite avec un abandon rapide au 5ème kilomètre.

Pour ma part je passe en 3’55 au premier kilomètre mais me cale assez vite en 4’10. Un ou deux coureurs sont avec moi et ils me demandent ce que je vaux. Je leur réponds que c’est mon premier et que je pars sur plus ou moins 3 heures. Ils me disent que j’ai un bon rythme, qu’ils ne feront pas aussi bien mais accélèrent et  me lâchent à la première côte. Ça ne fait que 3km qu’on est parti et j’ai du mal à comprendre. Soit ils choisissent de prendre de l’avance sur le premier semi, plus facile, soit ils ont du mal à calculer leur allure.

Je décide de m’isoler dans ma bulle et de ne m’occuper que de mon rythme pour ne surtout pas passer trop vite sur les premiers 10 kilomètres. Gyslain Ploix et son groupe me passent juste un peu après le 5ème kilomètre où je passe en 20’29. C’est un bon repère, Gyslain est un marathonien d’expérience (près de 200 marathons courus !) avec de sacrées références et il était juste devant moi au semi de Bazas Langon cette année. Je me dis que si je le garde à vue, je devrais rentrer sous les trois heures. Un coureur rentre sur moi et me demande encore ce que je vaux, même réponse que précédemment et il me dit qu’il aimerait faire moins de 3h15’. Je regarde ma montre et je suis bien calé maintenant sur un rythme de 4’10/4’12 au km et je suis très à l’aise sur ce tempo. Ça me semble un peu vite pour lui mais il s’accroche. Ça me fait un peu de compagnie, il a un rythme agréable et court souvent à mes côtés. Ça me fait plutôt du bien.

On passe au 10ème en 41’18. Toujours nickel. On a traversé le bourg de Fargues et on descend maintenant vers le château de Malle et Preignac. A Malle, au moment où je rentre dans le château, j’entends Estelle qui chute à vélo, heureusement sans gravité, un bon hématome et une cocote du vélo cassée. Elle me rejoint assez vite. Je suis bien concentré sur ma course et toujours assez relâché. On passe le premier pont d’autoroute pour revenir vers Suduiraut et Boutoc. Passage au 15ème 1h02’11. On traverse Suduiraut, j’ai un peu de mal sur l’allée. Il y a des animations musicales et du monde sur tous les châteaux. Dans les rues les petits vieux ont improvisé des ravitaillements sauvages avec Sauternes et toasts : Génial !!!

On traverse les chais de Haut Bergeron puis on redescend vers le Ciron, la fraicheur de la rivière me fait du bien. Passage au semi 1h28’. C’est ce que j’avais prévu mais je n’ai pas trop de marge et je dois me situer à peine  dans les 20 premiers. J’ai encore des coureurs qui me doublent.

J’essaie de rester dans ma bulle et je suis assez surpris de ma concentration. Je suis bien dedans et je n’arrête pas de me répéter les conseils de mon ami Jacques Maréchet, une référence dans le milieu du marathon avec un chrono à 2h13’47 à Séoul en 1987, qui m’a conseillé pour cette première expérience sans préparation de rester à l’écoute de ma gestuelle et de gérer mon carburant.

Finalement j’aime assez cette allure un peu intermédiaire, on sent que ça courre mais on n’est pas dans le rouge comme sur un cross ou un 10 bornes et du coup l’aspect stratégique et mental prend une grande part. Intéressant.

On passe le 25ème, 1h44’27, ça va toujours ; mais on attaque les chartreuses entre Preignac et Barsac. Le passage au Château Myrat me casse les jambes. Virage à angle droit pour rentrer dans le château, allée en gravier meuble, passage sous le château courbé en deux, re allée de gravier meuble, passage dans l’herbe haute sur un sol assez irrégulier. Je suis heureux de retrouver la route 500m plus loin. Mais j’ai mal aux pattes et du mal à revenir sur le bon tempo. J’ai déjà perdu une trentaine de secondes sur ce passage. Et on enchaîne des entrées sorties sur tous les châteaux du coin. Magnifiques passages mais que c’est dur de relancer à chaque fois.

Je me rends compte que ça doit être difficile pour tout le monde car je ne vois plus personne revenir sur moi. Mon compagnon m’a lâché et les coureurs qui m’ont doublés ces derniers kilomètres sont étalés en petites grappes devant moi. Je fais un point sur ma position à la faveur du dernier passage sur l’autoroute et je vois au loin Gyslain. Il a fait un bon écart et je pense que c’est mort pour rentrer sur ce groupe. D’autant plus que je ne me sens pas serein sur ce passage. Je commence à être moins bien.

On arrive au trentième, 2h06’23, il reste moins d’une heure de course, encore ne faut-il pas exploser. J’attends et je crains ce fameux mur dont tous les marathoniens parlent. Je suis seul avec Estelle à mes côtés, nous nous dirigeons vers Pujols sur Ciron. Je sais que ce sont les derniers kilomètres de plat avant d’attaquer la remontée vers Sauternes par Bommes. J’en profite pour bien m’alimenter et essayer de retrouver mon calme après le passage un peu difficile des chartreuses. Je sens que je suis passé à la limite de la correctionnelle. J’ai du mal à relancer et je suis caler entre 4’20 et 4’25 au kilomètre. Je devrais aller plus vite sur ce passage mais on va traverser le Ciron et après l’entrée du bourg de Bommes, les choses très sérieuses vont commencer.

Je passe le petit raidillon dans Pujols sur Ciron sans trop de problèmes. Les habitants ont installé un petit brumisateur qui fait du bien. On tourne à gauche, on traverse le Ciron et on commence à remonter vers Bommes. Je double un premier coureur à la dérive qui était parti dans le groupe des 10 premiers. Je le reconnais à son grand gabarit et son débardeur orange.

Il ne s’accroche pas, je pense que joindre l’arrivée va être difficile pour lui. Quelques hectomètres plus loin, j’en double un autre qui a l’air aussi mal et on n’a pas attaqué la montée.

On traverse le bourg de Bommes, j’ai pas mal d’encouragements d’amis sur le bord de la route. On revient sur nos pas pour aller attaquer la côte qui va nous ramener sur Sauternes via Lafaurie Peyraguet et Yquem.

Passage au 35ème : 2h28’20. Je n’accélère pas mais je ne perds pas trop  de temps malgré les faux plats et le dénivelé positif depuis qu’on a franchi le Ciron. On tourne à droite pour prendre la longue montée. Antoine Lavabre, le président du comité de Gironde d’athlétisme m’encourage. Je monte à bonne allure, je me suis refait une santé. Je vois au loin des  coureurs dans la côte.

Je me rends vite compte que je monte beaucoup plus vite qu’eux. Au premier virage j’ai déjà repris une dizaine de seconde au groupe devant moi. Au deuxième, je suis à portée. Estelle m’encourage en me disant que je vais beaucoup plus vite qu’eux et que je vais en reprendre beaucoup dans la côte.

J’en double un avant de rentrer à Lafaurie, je ne sais pas combien je suis car j’ai eu des infos contradictoires, on m’a annoncé, une fois 17ème, une fois 15ème mais j’ai doublé du monde depuis. Je me concentre juste sur le coureur devant moi et le suivant dès que j’en double un. On est sur un terrain que je connais par cœur. Je double un coureur charentais de la Haute Saintonge dans Lafaurie et j’enchaîne. On approche d’Yquem. Ah Yquem, je sais que dans la tête quand on sera ressorti du château, ce sera gagné, on ira au bout. Je sais aussi que la côte par laquelle on va rentrer dans le parc est terrible. Elle va en surprendre plus d’un à ce moment de la course car c’est une allée gravée assez sablonneuse longue et pentue avec un petit cassis au milieu qui casse les jambes.

Yquem c’est presque chez moi. Jean Bernard, le père d’Estelle a été le gardien de ce château prestigieux pendant des années. La famille habitait dans les dépendances. J’en ai fait des footings dans ces vignes et cette côte je l’ai prise quelques fois.

Yquem, ce n’est que des bons souvenirs, des bons moments en famille dans un lieu enchanteur et bien sûr notre mariage où on avait accueilli nos invités dans ce lieu unique.

Yquem, nous y voilà, je prends la côte sous les encouragements d’Estelle. Je vois que je rentre sur le groupe de devant qui est déjà dans la côte. Le groupe est composé de Gyslain Ploix, Sébastien Villette et le vétéran qui m’a lâché à la mi-course.

Je fais l’effort et en haut de la côte je suis revenu avec eux. Je passe sans hésiter, le vétéran ne s’accroche pas, Gyslain coince un peu mais se bagarre, Sébastien, qui vit une fin de course difficile, en profite pour se relancer à mes côtés sous les encouragements de son coach.

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Je ne traine pas et essaie de relancer l’allure dès la sortie du château. Seul Sébastien a pris ma foulée. Salvador, son entraîneur est sur le vélo et le motive pour ne pas lâcher. Nous repassons devant la ligne de départ et plongeons vers le bourg de Sauternes. Je sais maintenant que je vais finir et je commence à regarder le chrono. On a perdu un peu de temps avec ces montées finales. Le kilomètre dans Yquem a été parcouru en 4’44 seulement. Une bonne rupture de rythme.

On traverse Sauternes et on passe au 40ème kilomètre en 2h50’36. Sébastien est toujours derrière moi et je sens que ça va se finir au sprint. Je temporise un peu pour en garder pour le dernier kilomètre mais je sens qu’il est cuit et qu’il est nerveux, pressé d’en finir et bien content de rentrer.

Il n’arrête pas de demandé à son coach où est le dernier kilomètre. Je lui explique la topographie des lieux et lui dit qu’on rentre par l’allée du fond, à côté des écuries.

41ème kilomètre : 2h54’41. Ça va être chaud pour faire moins de 3 heures, je dis à Sébastien que j’accélère pour essayer de finir en dessous de cette barrière. Il est vraiment cuit et je me détache rapidement. Je rentre dans le château et lance le sprint, Estelle m’encourage. Je suis un peu surpris par la longueur de la ligne d’arrivée. On avait tout reconnu sauf ce passage entre le portail du château et la ligne, je ne le pensais pas si long. Je coince un peu. Je dis à Estelle que je suis parti de trop loin. Elle me dit que pour la place c’est bon et que Sébastien ne rentrera pas.

IMG_8565photo B.Lucantis

Ça y est je suis dans les barrières et je vois le tapis, je tape dans la main à Estelle et la remercie de m’avoir supporté pendant ces trois heures. Je fonce vers la ligne, 3’57 entre le 41ème te le 42ème, 38 secondes pour les derniers 195 mètres. Je tape dans la main de Fabrice Baillet qui attend les concurrents avant la ligne et le remercie pour cette belle organisation.

3h59’18 secondes à mon chrono, une 13ème place au scratch, 6ème senior. Le chrono officiel sortira à 3h00’34, je ne comprends pas trop l’écart car j’étais bien placé sur la ligne de départ et je me demande si le décalage n’est pas dû au départ du concurrent en fauteuil, une minute avant nous. Plusieurs coureurs me confirment la minute d’écart.

Peu importe, pour l’instant je suis tout à ma satisfaction d’avoir fini et de mettre bien comporté « à la maison ». Je réalise une bonne fin de course et la gestion globale de l’épreuve a été très correcte.

Vu mes appréhensions d’avant course et le manque d’entraînement de ces dernières semaines, je suis plus que satisfait et il ne faut pas cracher dans la soupe. Quel plaisir de courir une si belle épreuve dans ces conditions. Quelle belle aventure que ce marathon ! Comme quoi, parfois des situations les plus improbables sortent les plus belles joies. Cette course restera comme un des grands moments de ma saison sportive. Peut-être justement parce que c’est celle où il y avait le plus de doutes en amont.

Ce fut une belle expérience de coureur et ça m’a donné envie d’en préparer un sérieusement, un jour, histoire de mettre une claque à cette barrière des trois heures et de ne pas me faire trop chambrer.

J’ai bien aimé cet effort et moi qui suis toujours venu sur la route un peu à reculons, j’ai bien aimé la dimension de cette course. Et au moins je pourrais dire : je suis marathonien. Après plus de vingt ans de course à pied, ne pas avoir couru un marathon, ça faisait désordre.

Je retrouve mes amis à l’arrivée. Sébatien Horrereau l’emporte en 2h35’, devant Alex Aguiar 2h38’, Stéphane Tillard en 2h43’ et Laurent Rouquier en 2h48’. Que des amis et deux mecs du club, elle n’est pas belle la vie ! S’il y avait un classement par équipe on serait pas mal !

On attend la remise des récompenses où on va être gâté. Beaucoup de vin, bien sûr mais surtout des grands crus et des supers châteaux. Les viticulteurs ne se sont pas moqués de nous. Jean Jacques Lamarque et Didier Desages me disent de rester que je rentre dans la grille des récompenses. On va avoir droit à une belle remise des prix où la parité homme/femme sera respectée (pas si courant) et toutes les catégories récompensées ainsi que les coureurs les plus festifs ou déguisés de ce marathon.

On reste manger sur place avec Estelle et là encore, de belles surprises avec un verre de Sauternes au choix entre de très grands châteaux. Ce sera un verre de Rabaud Promis pour Estelle et un Château Filhot pour moi. Excusez du peu. Quand je vous dis que les organisateurs ne se sont pas moqués des coureurs. Le repas sera d’ailleurs excellent et très copieux, je ne finirais même pas la pièce de bœuf.

On finit donc la journée de la meilleure des manières, avec plein de belles images dans la tête, un bon petit mal aux jambes et une superbe médaille de finisher que je m’empresse d’aller mettre autour du coup de mon fils.

Un grand BRAVO et un grand MERCI à tout le comité d’organisation de ce premier marathon, mais le plus dur commence : ce sera de faire aussi bien l’année prochaine.

Et MERCI à Estelle d'avoir partagé ce moment avec moi.

 

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Commentaires
E
Salut,<br /> <br /> Un super CR et pour un traileur, on peut dire que tu es loin d'être ridicule sur route. 3h00 pour un marathon, je signe sans problème. Encore faudrait il que j'en fasse un... <br /> Merci pour ce récit vivant qui donne envie.
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