Chronique d’un footing ordinaire.

               

     En ce vendredi matin, le temps est compté, une multitude de choses à faire et un planning serré. Néanmoins je me suis bloqué une heure pour aller faire un footing.

Le temps est frais mais un rayon de soleil a dissipé les brumes du matin sur la Garonne. J’enfile mon short et m’enfonce dans les petits bois qui longent le fleuve.

Je n’ai pas trop la tête à courir, j’ai une grosse réunion qui s’annonce houleuse juste derrière mais je sais, je sens que cette escapade va me faire du bien.

Un moment de solitude et de plénitude  qui va me permettre de laisser l’esprit vagabonder et de faire du tri dans mes pensées.

Un ami coureur débutant m’a dit un jour que lorsqu’il courrait, il n’arrivait pas à avoir une pensée construite et à aller au bout d’une idée.

Pour ma part je sais que je vais être assailli de pensées positives ou négatives, que je vais les laisser venir à moi et que lorsque je m’arrêterais tout sera clair dans mon esprit. Tout sera en ordre. Logique, planifié.

Je déroule ma foulée à la sensation, sans m’occuper du chronomètre, de l’allure, des repères que l’on a forcément sur nos circuits d’entraînement.  Ce n’est que mon troisième footing depuis ma reprise lundi dernier après ma blessure au mollet. Je ne m’occupe que de mes  sensations.

J’essaie de sentir uniquement la mécanique de ma foulée, l’alignement de mes appuis, le balancé de mes bras, le rythme de ma course.

Je sens les rayons du soleil percer à travers les branchages et réchauffer ma peau. Je me sens animal. Il n’y a pas de bruit, je suis seul, seul le vent sur mon visage et ce soleil bienfaiteur m’accompagnent.

Mon souffle rythme mes foulées, le geste est instinctif, naturel, tellement naturel…

Rien ne peut entraver cette progression, j’existe, je sens chaque partie de mon corps et son rôle dans ma course.

Tous les détails de la nature viennent à mon esprit. La couleur des feuilles de l’automne, les champignons qui fleurissent au sol. Tout mon corps est à l’écoute de la nature. Je fais partie d’elle, je suis en elle. Je ne suis qu’un animal sous sa protection bienveillante.

Je me rends compte que la sérénité m’a gagné. Tout s’est apaisé dans mon esprit. Mes idées sont claires, mon discours cohérent. Tout s’est mis en place. Naturellement.

Il est temps de rentrer de revenir à la vie. Ou est-ce ces moments finalement la vraie vie ?

 Des petits bonheurs simples, loin de tous ces tracas quotidiens que nous laissons nous pourrir l’existence.

Quelle chance avons-nous, nous coureurs de pouvoir si facilement passer d’un monde à l’autre !

Comments

[Yo]

l'effort physique en milieu naturel,communion ou introspection ?
Bravo pour cette belle évocation. Ni pense pas trop quand même car à ce rythme là tu vas pouvoir jeter rapidement les épingles...

[arno]

La course à pied comme moyen d'atteindre la plénitude, la sérénité. Parfois, je ressens un peu de ça, c'est vrai.
Je découvre le côté mystique, style chaman de mon ami Laurent au bout de 20 ans. J'ai quelques inquiétudes pour le team trail du grand brassac... Va-t-il s'arrêter au relais ou va-t-il continuer seul sa course vers le bonheur absolu?